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Le blog de JeanM
9 octobre 2007

Flandria...

bande_10

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« Flandria, dulce solum, super omnes, terra beato »

Pierre le Peintre.

« Vlaanderen, a welig huis, waar we zijn als genoodenjaan rijke taflen »

Karel van de Woestyne.

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La vie économique du « pays » a subi d’importantes modifications entre 950 et 1130 ( en 180 ans !). Le trait essentiel est l’accroissement considérable des terres servant à l’élevage et à l’agriculture. L’alluvionnement a joué un rôle important. S’y ajoute les travaux d’élévation de digues, la régularisation de l’écoulement des eaux, l’entretien des digues. Début du XIIe siècle : le Hont, les golfes du Zwin et de l’Yser se réduisent progressivement à des estuaires et même à de simples cheneaux où aboutissent les rivières. Plus au nord, le golfe sur lequel est situé Bergues-Saint-Wionnoc subsiste encore en 1107, puis s’assèche rapidement. L’estuaire de l’Aa est déjà réduit à très peu de chose fin XIe siècle. Les sols incultes, les terres basses, nommées « morus », en latin, « moer », en néerlandais, occupent des étendues considérables en Flandre Maritime. A cette époque, on avait entrepris de les assécher en les drainant. De ces terres marécageuses, il nous reste les toponymes « Moere » et « Les Moeres ». Ailleurs, on gagne des terres sur les bruyères et les bois. Le plus souvent , l’essartage semble avoir été entrepris à partir de villages existants. D’où le terme de « nonae terrae ».

Début du XIIe siècle : il se produit une émigration vers l’extérieur, principalement vers l’Angleterre et l’Allemagne. A l’intérieur, et plus particulièrement dans les vallée de l’Escaut, de la Lys et de leurs affluents, la grande propriété l’emporte, sans exclure cependant l’existence de propriété ou de fief de moyenne dimensions. Au début de cette période, le type dominant est la « villae », domaine classique de l’époque mérovingienne et carolingienne. Ce type subsiste donc durant trois siècles et si nous le désignons toujours sous le nom de « villae », il reste a savoir quelles furent les dénominations successives employés par les contemporains ? On trouve la date de 1150, pour désigner le terme de leur existence. Elles auraient constituées ensuite une exception.

Sur l’origine du changement :

Les explications données : Au XIe siècle apparaît un phénomène de désintégration des grands domaines, dû en partie à la décadence des corvées. Les « réserves » se sont morcelées et des ensembles moins considérables que par le passé ont été groupés autour de centres d’exploitations anciens ou nouveaux, les « curtis » où étaient également perçu les cens des tenures rattachées à ces centres. Le nombre de ces tenures augmente, en partie au détriment de la « réserve », en partie par la mise en culture de terres nouvelles. Ces tenures comprennent le plus souvent une habitation entourée d’un peu de terre , le «curtile » et, en quantité variable, de terres d’origine très diverses. Les corvées sont devenues de plus en plus légères, quant elles n’ont pas complètement disparues. Le servage, là où il a existé, est remplacé par la main-d’œuvre salarié. La dimension de ces « villae » pouvait correspondre, surtout dans le sud de la Flandre, aux dimensions d’un village actuel, unissant par des liens étroits de solidarité un très grand nombre de petites exploitations.  Dans ce nouveau régime, les « curtes » correspondent à de grosses fermes, entouré d’exploitations satellites.

La Flandre Maritime fut exploitée plus tardivement et le type « villae » ne devait pas y exister. Le comte est le plus souvent le propriétaire exclusif de ces terres, l’étant naturellement de toutes celles qui sont gagnée sur la mer et les terres incultes, terres marécageuses ou encore de bruyères, ces taillis, ces bois qui d’Ypres à Bruges et de Bruges au pays de Waas séparent à peu prés la Flandre Maritime de son prolongement la Flandre comprenant le Hont, de la Flandre intérieure. Viennent ensuite les abbayes et les églises qui tiennent leurs richesse foncières des donations comtales, à charges pour eux de les faire prospérer. Les « schorren », terres gagnées récemment sur les eux, servent d’abord à l’élevage du bétail. On y voit paître des troupeaux de moutons et, lorsqu’elles cessent d’être imprégnées de sel, des troupeaux de bovidés, ce sont les « bercariae » (moutons) et les « vaccariae » (vaches) dont il est souvent question dans les chartes. On procède de même dans les marécages asséchés, encore que l’on commence généralement par en faire un « breuil », pour y faire patauger les oies. Le hameau du « Breuil », à Wattrelos correspond bien à un tel endroit d’origine marécageuse, qu’il était d’ailleurs toujours dans les années 1970 ; avant d’être rehaussé et intégré dans un parc urbain de plus de 30 hectares.

Breuil : latin « brolium », néerl. « bruel ».On dit toujours aujourd’hui « mettre le broel » et les flamand utilisent toujours le terme « broelmark ». Le Larousse donne la locution « brol » : n.m. Belgique. Ensemble d’objets disparates ; désordre.

L'exemple du Breuil était une évidence pour moi quand, dans les années 1966-67, en un certain mois de jun, il y avait environ 70 cm d'eau à l'extrêmité de la rue du Lundi, devant chez "Lapin"... Et il s'agissait d'inondation à répétition. Il était courant de voir les prairies de la ferme Gallois intégralement sous eau, deux ou trois fois l'an. Et cela indépendamment des crûs de l'Espierres  ! Sans parler des inondations chroniques de l'Impasse du 11 novembre !Toutes ces terres, qui s'étendaient entre la gare de Wattrelos et les Ballons sont à 20 mètres (au dessus du niveau de la mer), soit au niveau de l'Espierre . La rue de la Broche de Fer est à peine à 21/22 m... Dans l'ensemble, les mêmes phénomènes se produisent tout au long du cours de l'Espierres... Pourquoi ? Simplement à cause d'un endiguement du cours de l'Espierres destinés (on l'espérait toujours...) à limiter ses débordements. Et on avait bien sûr oublié de facilité le déversements des ruisseaux dans la dite Espierres. Donc, ce sont nos ruisseaux qui étaient le plus souvent la cause de problèmes pour de nombreux riverains de la Broche de Fer. Par contre, aux Ballons, il s'agissait bien des débordements de l'Espierre dont les eaux, depuis le début du XIXe s. chariaient tous les déchets industriels des enteprises textiles de Roubaix-Tourcoing.

Maintenant, remontons 1000 ans en arrière ! et pas d'Espierres... Du moins, rien qui puisse ressembler à ce gros ruisseaux que l'on pouvait voir encore jusqu'au début des années 1970. Pour simplifier et en restant dans la zone qui nous concerne, nous dirons que son cours, du Mont-à-Leux à Wattrelos, était constitué de méandres divers, avec mares et étangs et tout ce qui constitue le décor naturel d'une zone de marécage. Et cela sur une largeur variant de quelques centaines de mètres à plusieurs kilomètres. Tout cela pourrait être mis en évidence si je pouvais trouver une excellente carte topographique qui aurait eu la bonne idée de reprendre à la fois le côté belge et le côté français de l'Espierres... Mais ne rêvons pas : il a fallut plus de 100 ans pour que nos "autorités" réciproques se mettent d'accord sur un plan d'action commun pour mettre fin aux inondations !! Alors une carte, vous pensez... !

Donc, vers le IXe s., quelques personnages "héritent" de ces lieux. Ce sont de "petits personnages", avec peu de moyens, mais les voilà "seigneurs" de terres mi-forêts, mi-marécages(1). L'un se voit sans doute obligé de s'installer sur une "hauteur" (44 m) qu'il fera défricher pour y construire une tour sur motte. De là-haut il doit avoir une vue assez dégagé sur le coude que forme l'Espierres à cet endroit. Ce sera le "Castel" du Mont-à-Leux.  A l'opposé, il n'est pas seul... Parce qu'il y a là une terre où l'on élève des boeufs (les tracteurs de l'époque!) depuis longtemps. Son nom nous est resté : Clorbus, dont l'étymologie est évidente "enclos aux boeufs". Un autre, n'ayant pas de "mont" s'installera au plus près des marécages pour bénéficier d'un environnement suffisamment dégagé. Il aura sans doute également fait ériger une motte, simplement avec la terre otée de ses douves... Et ce sera le futur "Hostel des Hayes". Le dernier n'aura ni mont, ni marécages. On l'appellera plus tard :  ferme de la Cour.

Une dernière question se pose au sujet de ces trois arrivants : ont-ils apportés leurs gens avec eux ? Ou ont-ils trouvé des autochtones sur place ? Peut-être les deux...

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Pour trois siècles environ (IXe - XIe s.), nous voilà avec des hypothèses... Mais, considérant ce que l'on sait d'autres lieux proches de chez nous, il n'est guère difficile de brosser un tableau d'ensemble qui pourrait être assez proche de la réalité de ces "gens-là"...

Parler de "village" est sans doute hasardeux. Et puis encore faut-il s'entendre sur le terme  de village ! Disons que cette éventualité peut exister dès qu'apparaît un clocher d'église. Qui dit église, dit paroisse avec une dédicace à un saint (e) du crû, de préférence. Autour de l'église, quelques habitations et quelques artisans. Le reste est éparpillé tout alentour, dans la campagne... L'ensemble  vit en autarcie sur le plan alimentaire et le surplus peut être fourni par des "ambulants" ou auprès de la "ville" la plus proche.Nos historiens prétendent toujours aujourd'hui que l'on voyageait peu à l'époque... Ce qui était sans aucun doute vrai pour ceux qui devaient vivre de leur lopin de terre. Mais qui avait-il d'autre dans un village ?

Réponse variable...

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Notes :

(1) En Flandre, la coutume s'établit de donner des cantons en fief, en les appelant en françois "mestiers" (en latin "officia") et l'on accordait en même temps aux vassaux le privilège de porter des habits de distinction dénommés "heere-kleederen". Ils y faisaient fonction des anciens vicaires du comte, condition ordinaire pour qu'ils profitent du tiers des droits casuels : confiscations, amendes, etc. On divisait les "mestiers" en cercles de 200 arpents, nommés en flamand "hevene" et on règle en même temps le nombre de milices que chaque "havena" fournirait en temps de guerre. Un seigneur devait donc se rendre à la guerre avec ses "métiers", entendez milices ou soldats également nommés "comites". A l'époque qui nous concerne, au temps des premiers comtes de Flandre, un "château" est contitué de trois parties : le "fort" ou donjon, le terrain contigue entouré d'un fossé, et/ou d'un rempart. Enfin, ce que l'on appellera pour simplifier, le "village" qui devra assurer la défense du dit château et pourvoir à son entretien.

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